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Yolande nous avait proposé une journée gourmande et culturelle et elle a tenu ses promesses. Pourquoi a-t-elle omis d’y intégrer le soleil qui nous a cruellement fait défaut ? Il aurait rendu un peu plus chatoyantes les couleurs de la ville de Gaillac qui possède toutes les richesses architecturales des villes médiévales, mais dont beaucoup de quartiers restent dans l’attente de la main de l’homme qui pourrait leur redonner de l’éclat.
En déambulant dans les rues tout autour de l’Abbaye Saint-Michel, le plus impressionnant des édifices Gaillacois , nous avons pu constater à quel point l’humain était déjà intervenu au fil des siècles pour en modifier la configuration, n’hésitant pas à détruire certains remparts, à combler des fossés, allant même jusqu’à amputer de superbes maisons de maîtres pour donner place à des voies d’accès devenues nécessaires pour le commerce du vin et du pastel.
C’est en 972 que Raymond ler de Rouergue fit don à l’Abbé Saint-Michel de la ville de Gaillac. L’abbé y fera construire l’Abbaye éponyme qui domine ce quartier ancien de la ville. Tout autour, les remparts enserrent des maisons à colombages, ici nommées « à pans de bois », qui surplombent les venelles étroites.
La découverte par un heureux hasard de vestiges des vignes autrefois éradiquées par les Maures va permettre aux bénédictins de replanter et de développer à nouveau la culture du nectar délicieux qui deviendra la principale force économique de la région, avec le soutien des Comtes de Toulouse. Cette place de choix sera à l’origine de règles strictes régissant culture et vinification ce qui fera du vignoble Gaillacois l’un des mieux protégés et organisés de France. Les déjections de pigeons étaient à l’époque le seul engrais autorisé (appelé colombine), ce qui explique la présence de nombreux pigeonniers dans le paysage.
Des siècles plus tard, un hiver terrible détruira les vignes, et le vin gèlera dans des chais faisant éclater les barriques. Le phylloxéra, en 1879, sera le coup de grâce. La résistance s’organisera par le greffage de souches résistantes. C’est à cet acharnement de l’homme à vaincre le destin que nous, les Arcépions, nous devons d’avoir eu le plaisir de déguster après la visite guidée du Musée de la Vigne et des Vins ce prestigieux "Vin du Coq", reconnu comme la plus ancienne marque du monde viticole.
Décidément l’homme fit preuve de courage dans ce parcours menant de la vigne au vin avant d’en faire commerce. Après que les barriques aient dévalé les ruelles pentues pour être chargées dans les gabarres sur le Tarn, les chemins de halage étant trop étroits pour les chevaux, c’est lui, l’homme, qui se substituera à l’animal !
Nous, les Arcépiens, nous ne dissocions jamais la nourriture du corps et celle de l’esprit, c’est donc avec bonheur que nous avons découvert le restaurant « Au Fil des Saisons » que nous recommandons aux futurs voyageurs. Nous avons pu y apprécier l’accueil, et sans modération aucune, la qualité des mets et du vin primeur.
Il est parfois difficile, après un bon repas, de reprendre le cours des visites, mais lorsque nous nous sommes retrouvés devant le château de Mauriac, la beauté de cet édifice, ancien château fort militaire templier du XIVème siècle, entouré de vignobles à perte de vue, nous a de suite séduits.
Fondé par Guiriaudus de Mauricius, il est depuis plus de 50 ans la propriété et le domicile permanent du peintre Bistes et de sa famille. Bernard Bistes ne s’est pas contenté de faire classer la façade au patrimoine historique. Il a pris possession de l’intérieur avec intelligence. Tout en respectant l’architecture de ce château médiéval, il a su y intégrer ses souvenirs de voyages en Chine et, surtout, l’immensité de son talent, faisant de l’ensemble un lieu de vie exceptionnel. Aucune parcelle n’a échappé à la palette du peintre. De l’herbier finement dessiné sur le plafond à la salle de la glacière où l’on peut admirer une pléiade de nus masculins, pièces maîtresses de l’œuvre de l’artiste, de la cuisine militaire aux cheminées renaissance, murs, sols et plafonds, les peintures ont investi les moindres recoins de la demeure familiale.
A notre sortie, petit miracle, un pale rayon de soleil éclairait les vignes. Cette image nous accompagnera le temps de retrouver nos pénates.
Merci encore à Yolande. Ce fut une belle journée, comme l’Arcep en a le secret.
Annick Hamelain
(photos JLA)